Munitions, Ken Bruen

Publié le par Yan

munitionsSeptième volume de la série de romans consacrés aux flics londoniens Roberts et Brant, Munitions met Brant, le membre du duo répondant le mieux à la définition du psychopathe, aux prises avec un esprit criminel qui a décidé de l’éliminer. Et ce n’est pas une balle dans le buffet qui va rendre Brant de meilleure humeur.

Ken Bruen continue donc de s’en donner à cœur joie avec ses antihéros aussi patibulaires qu’hilarants et, surtout, ne cesse d’étoffer la galerie de portraits qui évoluent autour d’eux ; certains de ses personnages annexes prenant même peu à peu le relai d’un duo qui, sans cela, tournerait franchement en rond. Ce sont ici Nash, le flic homo et intègre lié par une incompréhensible amitié à Brant, et Falls, disciple féminin du même Brant qui se trouvent aux avants postes. Le premier, assisté d’un flic américain modèle Dirty Harry venu traquer les terroristes en Grande-Bretagne, court après le commanditaire du meurtre raté de Brant dont peu de monde semble se soucier.

« -Porter Nash, monsieur le superintendant.

Bref silence, puis :

-Je suis en plein parcours de golf. Vaudrait mieux que ce soit important.

Porter prit une profonde inspiration.

-Quelqu’un a tiré sur le sergent Brant.

Pas la moindre hésitation.

-Il est mort ?

-Non, monsieur le superintendant, il va s’en tirer, Dieu merci.

Porter entendit Brown parler à quelqu’un, supposa qu’il donnait des instructions, mobilisait tout le personnel.

-Vous remerciez peut-être Dieu, jeune homme, dit Brown, mais tout le monde n’est pas de votre avis ».

 La seconde, quant à elle, cherche désespérément à alpaguer n’importe quel suspect auquel elle pourrait coller une inculpation pour crime de happy slapping – cette mode formidable qui voit des jeunes gens se filmer en train de gifler des inconnus de 7 à 77 ans. 

Bref, comme le lecteur y a été habitué depuis le début des aventures de R&B, c’est échevelé, bourré de mauvais esprit et souvent proche du cartoon. Un cartoon dans lequel on aurait injecté une grande dose de cynisme et d’où persiste à émerger la noirceur des écrits de Bruen.

Comme les autres volumes de la série, Munitions ne va pas révolutionner le genre et d’aucuns trouveront sans doute que le tout a un côté répétitif. Il n’en demeure pas moins que l’on se laisse facilement prendre au rythme de cette série B délirante qui dresse un portrait peu flatteur (et assaisonné d’une pincée de mauvaise foi) de l’Angleterre d’aujourd’hui.

Ken Bruen, Munitions (Ammunition, 2007), Gallimard, Série Noire, 2012. Traduit par Daniel Lemoine.

Du même auteur sur ce blog :  La main droite du diable ; Le démon ; Sur ta tombe ;

 

Publié dans Noir irlandais

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