Les tricheurs, de Jonathan Kellerman

Publié le par Yan

lestricheursEn ces usantes périodes de fêtes, rien de mieux qu’un bon roman prédigéré. À pile ou face, cette année, c’est Jonathan Kellerman qui l’a emporté sur Lee Child.

Pour cette énième enquête – la vingt-cinquième si l’on en croit Wikipédia – le psychologue Alex Delaware et l’inspecteur Milo Sturgis se frottent à un meurtre gênant. Gênant parce que la victime, une professeure d’anglais, enseignait dans une école privée très cotée fréquenté entre autre par le fils du chef de la police de Los Angeles. Craignant que l’affaire nuise à la réputation de l’établissement et, partant, aux chances de son enfant d’accéder à l’université de Yale, le patron de Sturgis demande expressément à l’enquêteur d’éviter de faire des vagues et, tant qu’à faire, de chercher un coupable en dehors de l’établissement. 

On comprend dès lors que l’on est face à un de ces épisodes dans lesquels c’est à Milo, enquêteur rugueux souffrant d’un réel problème avec l’autorité, de prendre la main. Cela passera rapidement, on s’en doute, par une remise en cause des ordres de la hiérarchie, l’inspecteur Sturgis aimant à fouiner là où on le lui interdit et prenant un malin plaisir à mettre les pieds dans le plat.

Cela donne une fois de plus une enquête plutôt téléphonée malgré le mal que peut se donner Kellerman à semer quelques fausses pistes dont on sait pertinemment que justement elles sont fausses : il faut dire qu’au vingt-cinquième épisode il y a longtemps que l’on sait qu’une piste prometteuse à la moitié du roman est à l’évidence fausse. Ceci dit, comme presque toujours aussi, le roman se révèle plutôt agréable. Pas grâce à la qualité de l’écriture ni même de l’enquête, donc, mais parce que Kellerman a réussi à nous attacher à ses personnages et sait aussi créer quelques personnages secondaires intéressants : il s’agit ici du chef de la police et, surtout, de la victime dont le portrait se révèle peu à peu et laisse à voir une personne bien moins lisse et irréprochable que ce qu’elle pouvait apparaître au départ.

Comme d’habitude Jonathan Kellerman ne casse donc pas de briques et livre exactement ce que le lecteur – pas très exigeant – attend. C’est bien fichu, peu original, mais, une fois encore, c’est juste ce que l’on demandait.

Jonathan Kellerman, Les tricheurs (Deception, 2010), Seuil Policiers, 2013. Rééd. Points Policier 2014. Traduit par Frédéric Grellier.

Du même auteur sur ce blog : Jeux de vilains ; Double meurtre à Borodi Lane ; Un maniaque dans la ville ;

Publié dans Noir américain

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C
Nous avons toujours du plaisir à retrouver les héros et en même temps nous enrageons que Kellerman<br /> ne soit pas capable de faire mieux. Pour me sentir moins coupable de lire un mauvais roman,je le lis en anglais...<br /> Merci pour vos commentaires toujours pertinents.
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Y
Merci Christine. Hé, oui, Kellerman se laisse aller à la facilité... il pourrait être bon mais se transforme en plaisir un peu honteux pour le lecteur un tant soit peu exigeant. C'est la vie...