Les furies de Borås, d’Anders Fager

Publié le par Yan

furiesdeborascouvrvb-500x500Petite excursion hors du noir avec ce recueil de nouvelles horrifiques venues du nord. Un recueil dont il faut bien dire qu’on l’a abordé avec une pointe de méfiance. La Scandinavie a déjà fait bien du mal à la littérature noire ; que pouvait-elle donc réserver au genre fantastique et à l’épouvante ?

Ces préventions ont été bien vite levées avec une première nouvelle – qui donne son titre au recueil – mettant en scènes des adolescentes hypersexuées jetant leur dévolu sur de jeunes hommes pour mieux les sacrifier à une créature venue du fond des âges qui n’est pas sans rappeler les récits de Lovecraft.

Cela continue avec des sauts dans plusieurs époques où l’on rencontre un paysan forcé de laisser invoquer Ittakkva, dieu vengeur à la fureur aveugle, un enfant irrépressiblement attiré par un trou dans la roche, une étrange vendeuse de poissons d’ornement pour laquelle l’aquariophilie n’est pas que l’expression d’un amour platonique pour les animaux marins, les dessous de l’asphyxie érotique ou encore une des premières utilisations médicales du vibromasseur.

Les points communs entre tous ces récits ? D’abord des « fragments » enchâssés entre les nouvelles qui créent un lien entre elles, quand bien même il est parfois ténu[1], et qui laissent planer l’ombre de cette créature monstrueuse que l’on aperçoit parfois au détour des histoires. Ensuite une véritable fascination de l’auteur à l’égard de l’adolescence féminine, ce moment mystérieux où les filles deviennent femmes et où, ici, elles deviennent aussi prédatrices ; un thème récurent de la littérature d’horreur (pour aller au plus récent on se contentera d’évoquer Carrie, de Stephen King) particulièrement bien exploité ici avec aussi pour nous, lecteurs méridionaux, une autre image de la jeunesse scandinave que celle, bien lisse, que l’on peut communément avoir. Enfin, toujours cette pointe d’humour noir, d’ironie acide qui rend le tout aussi amusant que révulsant.

Bref, si, comme presque toujours dans ce genre d’exercice, certains récits se révèlent plus faibles que d’autres, c’est un chemin plutôt séduisant que l’on parcourt aux côtés d’Anders Fager et de ses furies. Parfois nébuleux mais avec le souci constant de relancer ses histoires en prenant le lecteur à contrepied, Fager arrive à nous accrocher et à nous balader dans son monde de manière plaisante. Une nouvelle découverte sympathique pour les jeunes éditions Mirobole.

Anders Fager, Les furies de Borås (Samlade svenska kulter, 2011), Mirobole, 2013. Traduit par Carine Bruy.

 

[1] Notons au passage, ceci expliquant peut-être cela, que ce recueil rassemble seulement une partie des récits du livre original et que les éditrices ont dû avoir fort à faire pour lui conserver malgré tout cette cohérence.

Publié dans SF-Fantastique

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