Le ventre de New York, de Thomas Kelly
Attention chef-d’œuvre. Il était plus que temps que je vous parle de Thomas Kelly et de son premier roman, Le ventre de New York, paru en France il y un bon moment déjà, en 1998.
Le ventre de New York, c’est l’histoire de deux frères durant les années Reagan. Paddy et Billy Adare, issus d’une famille irlandaise du Bronx ont perdu leur père, ouvrier sur les grands chantiers de New York. Tous deux ont choisi des voies différentes : Paddy est devenu un homme de main d’un chef de gang irlandais tandis que Billy poursuit ses études qu’il finance en travaillant comme son père sur des chantiers.
Billy est engagé sur un chantier gigantesque : le creusement d’un tunnel destiné à approvisionner New York en eau potable. Un chantier extrêmement dangereux, difficile, dans des conditions qui ne cessent de se dégrader pour les ouvriers. Mais comme pour tous les grands travaux, des intérêts contradictoires se heurtent : fonctionnaires et politiques corrompus, crime organisé, syndicat, tout le monde veut sa part et l’affrontement est inévitable. Un affrontement qui va plus particulièrement s’incarner dans les personnes de Paddy et Billy, deux frères qui sont chacun d’un côté de la barrière.
Un livre sur l’héritage, sur les valeurs et les idéaux qu’un homme peut et doit défendre. Un livre sur le destin. Un livre sur la fraternité. Un livre sur la corruption. Un fabuleux roman noir. Voilà ce qu’est Le ventre de New York. Avec des thèmes cent fois, mille fois abordés – on pensera nécessairement à Zola, et pas seulement à cause du titre ou parce que des ouvriers travaillent sous terre – Thomas Kelly réussit à écrire un livre original et d’une qualité indéniable. L’intrigue est menée de main de maître, aucun des personnages, même secondaires, n’est là que pour occuper le décor ; chacun a sa place et apporte quelque chose au livre, chacun à une histoire.
Un coup d’essai mais un coup de maître. Si vous ne l’avez pas encore lu, vous pouvez y aller les yeux fermés. Si c’est déjà fait… recommencez, ça ne peut pas faire de mal !
Thomas Kelly, Le ventre de New York, Rivages/Thriller, 1998. Rééd. Rivages/Noir, 2001. Traduit par Danielle et Pierre Bondil.