Le feu au royaume, de Sébastien Doubinsky

Publié le par Yan

lefeuauroyaumeAndré Thiriet, Dédé la Classe pour les intimes, a pris une retraite bien méritée en Espagne. C’est là qu’il apprend la mort de son fils, qui avait repris son business, abattu à un feu rouge par un motard. Dédé revient donc à Paris. Pour organiser les obsèques de son héritier mais aussi celles de celui qui l’a fait tuer. S’il le trouve.

Dans ce court roman (145 pages), Sébastien Doubinsky fait le pari de la simplicité dans la complexité. La simplicité car le texte est sec, débarrassé de toute fioriture et mis au service d’une histoire aussi vieille que la littérature. La complexité car André Thiriet est, sous les atours du « beau mec » rangé des voitures, un homme moins obsédé par son royaume que par l’amour qu’il porte à sa femme malade, par les affres de la vieillesse qui est là et qui se fait d’autant plus prégnante que sa jeunesse disparaît avec son fils et avec les souvenirs de son épouse qui s’enfonce dans Alzheimer.

Dépassé par la course du temps, Dédé est un anachronisme dans un monde où ni lui ni ses anciens complices n’ont plus rien à faire. Lancé dans une vendetta qui ne pourra pas lui ramener sa jeunesse, il dévoile sa dualité, vieillard transi d’amour en même temps que truand bouffi de cruauté.

Dans une atmosphère crépusculaire à la Melville, Doubinsky nous fait faire un bout de chemin aux côtés de ce personnage repoussant par bien des aspects et terriblement attachant. Et il nous prouve que l’on peut dire beaucoup et le dire bien en moins de 500 pages. Par les temps qui courent, c’est rassurant.

« Je me suis relevé et j’ai fait quelques pas dans la pénombre. J’avais envie de frapper un mur, mais j’avais peur de me fracturer la main. Ostéoporose. »

Sébastien Doubinsky, Le feu au royaume, L’Écailler (coll. Le Petit Écailler), 2012.

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Publié dans Noir français

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