La petite maison dans Manhattan : Blue Bloods
Quand j’étais petit, j’aimais beaucoup Magnum. Hawaii, la Ferrari, les chemises à fleurs, l’hélico, Higgins et ses dobermans… Pensez bien que quand j’ai vu que Tom Selleck revenait dans une série, j’ai été curieux de voir ce que cela pouvait donner. J’ai donc relevé le pari de voir presque tous les épisodes de la première saison de Blue Bloods, nouvelle série à succès (troisième saison annoncée aux USA) du gros network NBC.
L’histoire d’abord : Les Reagan (tiens…) sont une famille de policiers : Grand papa Henry a été chef de la police de New York, Papa Franck (Tom Selleck, le voilà) est chef de la police de New York, les fils Danny, Jamie et Joseph sont ou ont été flics (ont été, parce que Joseph est mort en service), et la fille, Erin, est assistante du procureur. Si un grand arc narratif existe (Jamie essaie de retrouver les vrais coupables de la mort de Joseph qui pourraient avoir été tué parce qu’il enquêtait sur une société secrète de policiers, les Templiers de l’Ordre), chaque épisode est un one shot consacré à une enquête et obéit immuablement à la même structure : un crime (de sang de préférence) est commis ; Danny, l’inspecteur de la famille, enquête dessus ; il pense bien avoir mis la main sur les coupables mais a du mal à trouver des preuves ; il râle contre sa sœur en l’accusant de défendre toujours les criminels contre les flics ; Erin finit par lui donner quand même un coup de main (ou bien c’est Jamie qui va orienter Danny vers une preuve accablante) ; Franck voudrait que l’on trouve d’urgence les coupables car il veut que l’Ordre règne dans sa ville ; les méchants sont arrêtés ; toute la famille se retrouve, heureuse, autour du repas dominical et celui qui aura fait le plus d’efforts aura le droit de dire le bénédicité.
Affligeant n’est pas le mot qui convient car, en fin de compte, Blue Bloods se laisse facilement regarder pour peu que l’on ait quelque chose d’autre à faire en même temps (passer le balai, lire le journal, éplucher des pommes de terre…). On imagine bien par ailleurs ce que cette série peut avoir de rassurant pour le téléspectateur qui sait que, immanquablement, l’ordre sera rétabli à la fin de l’épisode et que les saillies réactionnaires de papy Henry auront été contrebalancées par Erin et Jamie les deux quasi-gauchistes de la famille (que l'on aime bien quand même, ils sont jeunes et idéalistes, et puis la famille c'est sacré). Blue Bloods est une série consensuelle au possible et véhicule un message clair : nous vivons dans une société dangereuse, mais la police est là, incarnée ici par la sécurisante moustache de Tom Selleck. Bien sûr il y a des brebis galeuses (ah ! Ces mystérieux Templiers de l’Ordre tout droit sortis d’un roman d’Olivier Descosses ou de Maxime Chattam!) mais les vrais policiers veillent et prient pour vous. Ouf. Blue Bloods est la série des années 2010 qui remet au goût du jour les valeurs de La petite maison dans la prairie. Pas étonnant qu’elle soit diffusée sur M6 qui commençait à sévèrement épuiser le filon des Ingalls et a dû acueillir les Reagan avec soulagement.