La mallette de l’usurier, de Piero Colaprico
La Trilogie de la ville de M. s’achève avec La mallette de l’usurier qui fait suite à La dent du narval et à Derniers coups de feu dans le Ticinese. On retrouve donc pour la dernière fois l’inspecteur Bagni dans un Milan qui n’échappe ni à une crise latente due en partie à son développement économique qui laisse une partie de la population sur le carreau, ni à la corruption ; une ville qui continue à apparaître comme une entité vivante à part entière et qui se métamorphose à vue d’œil. À peine remis de sa dernière enquête qui a manqué lui être fatale, Francesco Bagni, dans l’espoir d’approcher la séduisante Velia Lungino, du bureau du procureur, s’accapare un dossier qui va vite s’avérer très sensible : le meurtre d’un étudiant bien sous tout rapport qui semble pourtant avoir fréquenté avant sa mort des personnes peu recommandables et dont le colocataire entretient un silence coupable.
Pas de surprise dans cet ultime volet. Piero Colaprico poursuit son chemin en décrivant en parallèles les affres de la vie de Bagni tenaillé par une culpabilité diffuse après avoir détourné de l’argent et incapable de s’engager en amour et celles de la ville de Milan qui semble elle-aussi chercher sa voie, appréhendant l’avenir tout en n’assumant pas totalement son passé.
Une fois encore, Colaprico écrit un roman d’ambiance dans lequel l’enquête, tristement banale, n’est que prétexte à mettre en scène Bagni et Milan. Si certains passages, comme cette litanie des crimes sur lesquels Bagni a enquêté, quartier par quartier, sont terriblement bien écrits, si Colaprico sait créer une ambiance faussement indolente et jeter un regard aigu et acerbe sur la société d’Italie du Nord, force est de constater que le procédé devient un peu répétitif.
Alors, certes, Piero Colaprico livre un roman de bonne facture qui arrive à en dire beaucoup sans artifices, mais on se dit qu’il est peut-être temps pour lui de passer à autre chose. On aura pris bien du plaisir à découvrir cette suite milanaise, toutefois l’effet de la découverte faite avec La dent du Narval et Derniers coups de feu dans le Ticinese, s’estompe sans doute. Et l’on regarde déjà vers l’avant en espérant que Colaprico nous offre de nouveaux romans avec une nouvelle recette.
Piero Colaprico, La mallette de l’usurier (La valigetta dell’ usuraio, 2004), Rivages/Noir, 2011. Traduit par Gérard Lecas.
Du même auteur sur ce blog : La dent du narval ; Derniers coups de feu dans le Ticinese.