Interview expresse (l’homme est débordé – le syndrome Serge ?) de Tim Dorsey par Christophe Dupuis
Christophe Dupuis, après des années d’efforts acharnés, a enfin réussi à obtenir une interview de Tim Dorsey. Surbooké, l’auteur adresse des réponses concises, certes, mais assez révélatrices de son état d’esprit et de l’ambiance de ses romans.
Heureux homme, j’ai eu le plaisir de recevoir cette interview exclusive pour le blog Encore du noir. Une fois de plus, Christophe Dupuis a fait un homme heureux. Qu’il reçoive donc encore mes remerciements les plus chaleureux.
Journaliste, vous vous lancez dans le polar en 1999 avec Florida Roadkill. Qu’est-ce qui vous a poussé à écrire de la fiction ?
C’était mon rêve depuis le début – c’est pourquoi je me suis d’abord lancé dans le journalisme.
En France, encore pas mal de personnes ne connaissent ni Serge, ni la Floride – peut-être est-ce là un des marqueurs du déclin de la culture française – alors pourriez-vous nous permettre d’enrayer ce déclin en nous les présentant ?
Serge ne veut pas prendre ses médicaments ; Coleman ne veut pas arrêter – ils ont cherché un arrangement.
Je sais qu’on a du déjà vous poser cette question un nombre incalculable de fois, mais n’ayant pas encore lu d’interview de vous en France, il faut y aller : comment est né ce satané Serge ?
Un hasard total. Je me suis aperçu que je m’amusais trop à buter les méchants.
Lorsque vous avez commencé la rédaction de Florida Roadkill, pensiez-vous en faire une telle série ? Imaginiez-vous que Serge deviendrait une telle star ?
Jamais, va comprendre !
Pourquoi l’ordre de publication de vos premiers livres n’est-il pas leur ordre chronologique ? Et pourquoi nous avoir privé de l’excellent Coleman, qui restera toujours présent dans mon esprit…
J’écris ce que je pense le plus drôle, là où ça peut se passer… le parcours de Coleman est dû au fait que je ne savais pas qu’il y aurait plus d’un livre.
Serge, Lenny, Coleman, Sharon… on croise de drôles (euphémisme) de personnages dans vos livres, et vous, Tim Dorsey, comment êtes-vous dans la vie ?
Serge, avec contrôle.
On pourrait rester un temps infini à vous questionner sur Serge et ses amis (?), tellement il y a de choses à noter, mais peu de temps nous est imparti, alors juste une question sur Serge : où allez-vous trouver toutes ses lubies et fixations ?
L’homme que je vois dans le miroir tous les matins
Qui dit fixation, dit la Floride, aussi présente dans vos livres que Serge. Alors, qui en connaît le plus sur la Floride, vous ou lui ? Et où récupérez-vous toutes ces références ?
C’est kif kif : j’ai grandi là et je l’ai explorée pour mes articles.
Car, pour poursuivre la question précédente, si on y regarde bien, vous devez écrire sacrément vite pour garder ce rythme de publication… Alors, quel est votre secret ? Et comment procédez-vous pour écrire ?
Je fais ce que j’aime, donc la motivation vient naturellement.
Et, sans vous jeter de fleurs, comment faites-vous pour vous renouveler à chaque fois tout en gardant le même terrain et les mêmes personnages ?
J’essaie de refléter les changements de ma propre vie….
Pour revenir à la Floride, lorsqu’on vous lit, lorsqu’on lit Carl Hiaasen, on se dit que c’est vraiment un État à part aux États-Unis, non ? En tous cas cela semble un beau terreau à histoires complètement folles, non ? En tous cas, plus aujourd’hui que dans les années 80 où Elmore Leonard ou Charles Willeford écrivaient dessus, me trompe-je ?
Si vous lisez les journaux ici, on se rend compte qu’il n’y a pas de limites, tout passe – cela devient juste de plus en plus étrange.
En parlant d’auteurs, quels sont ceux que vous appréciez ?
Kurt Vonnegut, Joseph Heller, Hunter Thompson, Carl Hiaasen, Thomas McGuane
Je n’ai pas le souvenir d’avoir lu de nouvelles de vous, serait-ce un genre qui ne vous convient pas (ce qui n’aurait rien d’étonnant vu la taille de vos romans et la multitude d’histoires qui y foisonnent) ?
C’est juste que le temps que je ne passe pas à écrire mes livres est consacré à faire des reportages pour des journaux, et c’est un rythme infernal.
Et pour revenir sur vous et l’indissociabilité de Serge, ce qui marque aussi, c’est votre site et le merchandising qui va avec… Alors, pourquoi tant d’efforts ?
Pour pouvoir continuer à faire ce que je fais et ne pas avoir à retourner faire un vrai boulot…
Des choses à rajouter ?
Mes livres sont faits pour tout le monde, visitez donc www.timdorsey.com
Merci, longue vie à vous et nos amitiés à Serge.
Merci
Interview réalisée par Christophe Dupuis (via mail), traduction Alison Taylor
Du même auteur sur ce blog : Florida Roadkill ; Hammerhead ranch motel ; Orange Crush ; Triggerfish Twist ; Stingray Shuffle ; Cadillac Beach.