Indian Creek, de Pete Fromm

Publié le par Yan

indiancreek.jpgÉloignons nous un peu du polar le temps d’un hiver dans l’Idaho.
Indian Creek, c’est l’histoire des sept mois que Pete Fromm a passé dans une tente des Eaux et Forêts aux confins de l’Idaho, près de la frontière avec le Montana, pour garder deux millions d’œufs de saumon.
Porté par une série de concours de circonstances, de hasards de la vie et de décisions prises à brûle-pourpoint, c’est là que Fromm échoue à vingt ans alors qu’il est étudiant à Missoula, après, donc, avoir été embauché par le département des Eaux et Forêts de l’Idaho. Sept mois seul dans les Rocheuses, comme dans les récits de trappeurs, avec un travail qui l’occupe environ une demi-heure par jour. Cela laisse du temps pour l’introspection ou, pour un jeune étudiant épris d’aventures, tester in vivo les recettes trouvées dans l’abondante littérature américaine consacrée aux hommes des bois, à la manière de tanner les peaux ou de saler la viande, ou encore de se fabriquer des mocassins.

On l’aura compris, nous sommes bien là dans un de ces romans de nature writing américain auxquels Gallmeister accorde une place de choix. Il ne s’agit pas pour autant d’une resucée de Thoreau, de Jim Harrison ou d’Edward Abbey. On ne trouvera là ni la réflexion politique et philosophique du premier, ni  une fresque ou une histoire de famille dans la veine du second, pas plus qu’une odyssée engagée et farfelue comme celle qui a fait connaitre le troisième.
Indian Creek est un roman initiatique, un récit d’aventures à taille humaine qui se suffit à lui-même. Écrit simplement, sans lyrisme pompeux ni sécheresse de ton, il laisse la place à l’auteur-narrateur-héros de vivre maladroitement son aventure avec recul et humour et sans donner quelque leçon que ce soit.
Sans doute n’y a-t-il pas grand-chose de plus à en dire si ce n’est que cette absence de morale ne signifie pas vacuité du récit. Et qu’elle permet de laisser la place à l’expression juste de sentiments simples.
Ce n’est ni haletant, ni trépidant. C’est beau comme un récit au coin du feu qui vous transporte ailleurs, éveille votre curiosité, vous fait sourire, vous fait rêver. Parfois, avec le talent, cela suffit à faire un bon livre.

Pete Fromm, Indian Creek (Indian Creek Chronicles, 1993), Gallmeister, 2006. Rééd. Gallmeister Totem, 2010. Traduit par Denis Lagae-Devoldère.

Publié dans Western et aventures

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C
Waouh, quelle abnégation - chapeau bas...
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Y
<br /> <br /> Oui, je sais.<br /> <br /> <br /> <br />
C
Et oui, Montana 1948.<br /> Profondément marqué par sa lecture en 1996, je l’ai tout autant été à sa relecture quinze ans plus tard et force est de constater qu’entre ces deux lectures, rares ont été les textes d’une telle<br /> envergure.
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Y
<br /> <br /> Vous m'avez convaincu. Il est commandé. Je vais devoir reporter la lecture de Scalese...<br /> <br /> <br /> <br />
C
Dans cette collection, Gallmeister a ressorti le "Montana 1948" de Larry Watson (édité chez 10/18 dans les années 90). Je tanne tout le monde pour lire ce roman. Donc je te tanne aussi!!!
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Y
<br /> <br /> Bon, ben je vais me sentir obligé, alors. C'est noté.<br /> <br /> <br /> <br />
C
En cas de doute, rabats-toi sur la ligue !
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Y
<br /> <br /> Ce que j'aime chez toi, c'est tes conseils, toujours frappés au coin du bon sens.<br /> <br /> <br /> <br />
C
Et oui, c'est grandiose ! Tiens, sort ce mois-ci, toujours chez Gallmeister, Bruce Machart "le sillage de l'oubli" et c'est somptueux !
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Y
<br /> <br /> Je note. Mais avec toutes les sorties a priori intéressante de ce mois-ci, je vais manquer à la fois de temps et d'argent. Il faudra faire des choix cruels.<br /> <br /> <br /> <br />