Hielo Negro, de Bernardo Fernández
La tarte à la crème, depuis quelques années dans le roman noir, c’est de comparer un livre à un film de Quentin Tarantino ou de Robert Rodriguez. C’est peut-être aussi, pour certains auteurs, d’essayer d’écrire un roman qui ressemble à l’un de ces films. Et, de toute évidence, c’est bien la voie choisie par Bernardo Fernández dans ce roman qui doit beaucoup à ce cinéma là et à la bande dessinée (version Franck Miller).
En nous racontant l’enquête d’Andrea Mijangos à la recherche d’une bande de gorilles en roller coupables du massacre d’une douzaine de personnes pour dérober les ingrédients nécessaires à la fabrication de métamphétamines, et en l’amenant lentement mais sûrement à la rencontre de Lizzy Zubiage, reine d’un cartel de la drogue et adepte de snuff movies, Fernández a tôt fait de poser ses références.
Bourrés de clins d’œil au cinéma, à la BD ou au roman noir ou fantastique, Hielo Negro est donc un roman qui va à cent à l’heure, qui multiplie les personnages et les situations (on voit quasiment les split screens qu’a dû imaginer Fernández en écrivant) tous aussi extravagants que peu crédibles. Sans tomber dans le fantastique, voilà un livre qui n’est pas sans rappeler dans l’esprit Le livre sans nom. À la différence près que Hielo Negro, sans casser des briques, semble tout de même avoir été écrit avec les mains plutôt qu’avec les pieds.
Sorte de série B un peu barrée flirtant avec le noir et mettant en scène des personnages qui, sans être particulièrement fouillés, s’avèrent tout de même dotés d’un minimum d’épaisseur et d’originalité, voilà un roman qui se lit avec plaisir et qui semble n’avoir d’autre ambition (et c’est déjà bien) que de jouer la carte du divertissement. On sait au moins à quoi s’attendre ; cela évite d’être déçu.
Bernardo Fernández, Hielo Negro (Hielo Negro, 2011), J’ai Lu, 2012. Traduit par Marianne Millon.