Faux et usage de faux, d’Elvin Post
À partir d’un fait réel, le vol en 1990, au musée Isabella Stewart Gardner de Boston, de treize tableaux de maîtres (Rembrandt, Vermeer, Degas, Manet…) qui n’ont jamais été retrouvés, Elvin Post développe un roman mettant en scène une bande de voleurs bien préparés mais en butte aux caprices du destin et à la bêtise, l’orgueil ou la cupidité de leurs complices ou de leurs victimes.
Elijah Fish, faussaire, a donc été contacté par son ancien complice d’escroquerie, Vincent Bloom pour mettre ce coup en place. Monté avec intelligence, il a tout pour fonctionner. Mais c’est sans compter sur un mafieux psychopathe imposé par leur commanditaire, un conservateur de musée égoïste et psychorigide et Bloom lui-même. En fin de compte, la question est : comment faire pour se débarrasser de 300 millions de dollars de tableaux dont personne ne semble vouloir ?
Le roman d’Elvin Post va, c’est évident, chercher du côté de Donald Westlake et de son héros maudit John Dortmunder autant que de celui du cinéma ou de la télévision en ce qui concerne le commanditaire du vol, un chef mafieux dépressif plus proche cependant de Mafia Blues que des Soprano. Post, toutefois, n’est pas Westlake et semble souvent écartelé entre la volonté de nous faire rire et celle qui consiste à se concentrer sur Fish, son talent, et son histoire d’amour, ôtant toute ambivalence au personnage qui apparaît tellement gentil qu’il en devient très lisse.
Reste que l’auteur arrive à nous intéresser à ce milieu particulier des voleurs d’art et faussaire et que ce roman gentillet (naïf ?) se laisse lire sans déplaisir. On rit même volontiers assez souvent (et en particulier dans toute la partie consacrée au vol lui-même). Faux et usage de faux est loin d’être un roman inoubliable, mais permet de passer un moment agréable. Ni plus, ni moins.
Elvin Post, Faux et usage de faux (Cals Beeld, 2006), Seuil, 2010. Rééd. Points Policier, 2011. Traduit par Hubert Galle.
Du même auteur sur ce blog : Room Service ;