Double meurtre à Borodi Lane, de Jonathan Kellerman

Publié le par Yan

doublemeurtreCela faisait un moment que je n’avais pas cédé à ce petit plaisir coupable qu’est pour moi la série des enquêtes de Milo Sturgis et Alex Delaware… cela devait donc finir par arriver. Et j’aurais sans aucun doute pu – dû – m’en passer.

Dans ce vingt-quatrième (mais quatre n’ont pas été traduits) roman mettant en scène le policier homosexuel obèse et rugueux Milo Sturgis et le riche et quelque peu désœuvré psychologue Alex Delaware, les deux héros enquêtent – ainsi que l’indique clairement le titre – sur un double meurtre commis dans une maison en chantier abandonnée d’un quartier huppé de Los Angeles. Les victimes retrouvées enlacées dans une position plutôt suggestive se révèlent bien vite assez mystérieuses et complexes et Milo – c’est ici lui qui occupe le devant de la scène, Alex Delaware se contentant finalement d’être là pour raconter – doit démêler un écheveau dans lequel se trouvent, en vrac, un émir d’un royaume imaginaire indonésien, des écoterroristes et des architectes.

Mené sur un rythme particulièrement lent, puisqu’il ne commence réellement à décoller que vers la trois-centième page sur les quelques quatre-cents cinquante qu’il compte, ce roman de Jonathan Kellerman  apparaît indéniablement comme l’un des plus faibles de la série. Outre une intrigue très alambiquée qui se traîne donc en longueur, il offre par ailleurs au lecteur une galerie de personnages secondaires peints à grands traits, extrêmement caricaturaux. Il atteint même des sommets du côté des deux suspectes, figures mille fois vues dans des séries de seconde zone ou encore lors de l’interrogatoire de deux employées écervelées où si les héros souffrent devant la bêtise de ces deux femmes le lecteur n’est pas en reste.

Mollasson et bête, Double meurtre à Borodi Lane est un de ces inévitables romans de séries dont l’auteur s’est senti obligé de l’écrire pour assurer une production et des revenus réguliers mais dont le lecteur, aussi peu exigeant soit-il, peut tout à fait se passer.

Jonathan Kellerman, Double meurtre à Borodi Lane (Evidence, 2009), Seuil, 2012. Rééd. Points Policier, 2013. Traduit par Frédéric Grellier.

Du même auteur sur ce blog : Jeux de vilains ; Les tricheurs ; Un maniaque dans la ville ;

Publié dans Noir américain

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C
moi aussi j'ai cédé à cet impardonnable optimisme concernant Kellerman, mais depuis plusieurs romans, il se complaît à décrire les costumes, les intérieurs, exactement comme s'il faisait en plus de<br /> la littérature alimentaire, du placement de marques. Très décevant, mais définitif.
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Y
<br /> <br /> Oui, c'est le lot de beaucoup d'auteurs à succès qui exploitent un filon jusqu'à après son épuisement.<br /> <br /> <br /> <br />