Angela Sloan, de James Whorton Jr

Publié le par Yan

angelasloanAngela Sloan, 14 ans, est la fille adoptive de Ray Sloan, agent de la CIA qui l’a sauvé et recueilli 7 ans plus tôt au Congo, lors de la rébellion Simba. Si Ray a pris sa retraite, il est en 1972 impliqué dans l’affaire cambriolage du Watergate qui commence à prendre de l’ampleur. Alcoolique et paranoïaque, il entraîne Angela dans une fuite improvisée qui les voit bien vite être séparés. Désormais seule sur les routes au volant d’une vieille Scamp, Angela se lance dans une drôle d’épopée durant laquelle elle croise une chinoise communiste en situation illégale et une bande de hippies décidés à se lancer dans le terrorisme.

Alléchant de prime abord pour qui s’intéresse aux romans d’espionnages et à ces drôles d’années de la présidence de Richard Nixon, Angela Sloan est moins un roman d’espionnage qu’un drôle de roadtrip à la fois inquiétant et loufoque. La fuite éperdue de cette drôle d’adolescente formée aux subtilités de la filature ou du recrutement de sources par un espion alcoolique sur le retour qui lui a par ailleurs transmis sa paranoïa possède en effet, sous un aspect léger dû à l’utilisation du récit à la première personne, un fond particulièrement sombre. En dehors de la jeune Angela, bien plus naïve qu’elle ne le croit, tous les personnages qui croisent son chemin sont en effet dotés d’une dose plus ou moins importante de duplicité qui crée un constant sentiment de menace.  

Si James Whorton Jr sait ainsi créer une ambiance tendue sans pour autant perdre un humour à froid de bon aloi, il n’en demeure pas moins que le lecteur reste sur sa faim. Du Watergate, donc, il n’est pas vraiment question, pas beaucoup plus, finalement, de Ray Sloan qui disparaît assez vite. Reste ce qui devrait être un roman initiatique mais dont l’héroïne, particulièrement bien conditionnée par son mentor et enfermée dans l’histoire qu’il a créée, ne semble jamais vraiment évoluer et, en fin de compte, l’impression que tout cela tourne un peu dans le vide.

S’il crée des personnages curieux, étonnants, James Whorton Jr peine à nous les faire aimer ou détester. L’on suit leurs tribulations avec un vague intérêt car certaines situations loufoques nous accrochent, mais on reste bien souvent en dehors de tout cela. Ni bon, ni mauvais, Angela Sloan est un roman qui manque trop de fond et d’épaisseur, trop fade pour emporter l’adhésion ou au contraire le rejet. Un coup d’épée dans l’eau.

James Whorton Jr, Angela Sloan (Angela Sloan, 2011), Le Masque, 2013. Traduit par Claire Breton.

Publié dans Noir américain

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C
Hé, hé, pas tous les jours que mes avis sont réconfortants... Non, pareil pour moi, comme dit plus haut. ça commençait bien et puis rapidement, indifférence pour les personnages et une héroïne qui,<br /> bien que très jeune, et même très entraînée, réagit beaucoup plus vite que les adultes, faisant douter le lecteur de sa jeunesse (celle de l'héroïne, pas la sienne)...
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Y
<br /> <br /> Tu peux malgré tout douter de ta jeunesse, désolé.<br /> <br /> <br /> <br />
C
Pas mieux...
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Y
<br /> <br /> Je suis content que tu me dises ça, je me demandais si j'étais passé à côté de quelque chose ou pas.<br /> <br /> <br /> <br />