Alice, de Paul Cabine

Publié le par Yan

AliceDans un avenir proche, Alice est en CE 1 et est déjà révoltée par le système autoritaire dans lequel elle vit. Une société où l’on fiche, où l’on repère dès l’école ceux qui ont des tendances antisociales et où l’on s’emploie à les remettre sur le droit chemin par des moyens pour le moins contraignants. L’on suit donc Alice et sa révolte qui enfle tout au long de son enfance et de son adolescence dans un monde qui ressemble beaucoup au nôtre, à ce qu’il pourrait devenir, et l’on pénètre les pensées les plus intimes de la fillette puis de la jeune fille rebelle.

On portera au crédit de Paul Cabine de n’avoir pas choisi la facilité en s’attelant à écrire un quasi monologue en se mettant dans la peau d’Alice de sept à vingt-et-un ans. Malheureusement, en dehors de cela, on peine à accrocher à cette histoire et à y croire un tant soit peu. D’abord parce que, tout au long des quatorze ans sur lesquels s’étend ce roman, Alice ne change pour ainsi dire jamais, garde constamment le même ton et le même regard sur le monde. Autant dire que l’auteur aurait finalement gagné à regrouper tout cela sur une période moins large car, au final, ce qui partait comme une bonne idée, la répétition des débuts de chapitres censés nous donner un aperçu des changements du monde dans lequel vit l’héroïne et de la manière dont elle les perçoit, devient seulement répétitif.

Quant à ce meilleur des mondes dans lequel Alice évolue, force est de constater qu’on l’a déjà vu, déjà lu et déjà apprécié quand il était présenté avec autrement plus de réussite par d’autres auteurs. Et l’on reste perplexe face à l’utilisation faite par Cabine de la sexualité d’Alice qui, dès ses dix ans joue de ses charmes et multiplie les expériences, dans ce qui apparaît comme son dernier espace de liberté. Là où Cabine voudrait sans doute se montrer troublant, provocateur, il apparaît encore répétitif et prévisible, plus ennuyeux qu’embarrassant pour le lecteur dont il cherche à capter l’attention et qu’il voudrait secouer.  

Bref, voilà un livre qui attire de prime abord l’attention et suscite l’intérêt avant de se révéler plutôt creux et qui s’oublie aussi vite qu’il se lit.

Paul Cabine, Alice, Baleine, 2012.

Publié dans Noir français

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