À l’ouest du nouveau : L’Indic n° 13
Le nouveau numéro de L’Indic, la revue de l’association nantaise Fondu au Noir est donc arrivé. Et l’on peut déjà commencer par saluer la régularité de la revue et son éclectisme. Après – entre autres – le monde arabe, la SF, la politique, le thriller… c’est au tour du western d’être décortiqué par les Fondus.
Et comme de coutume, le dossier intègre aussi bien la littérature noire (Tony Hillerman, Pete Dexter, Christopher Moore, mais aussi les cavales argentines des personnages de Leonardo Oyola, Alberto Soriano et Raul Argemí ou encore le western parisien de Sébastien Rutés) que le cinéma (un bel article sur les femmes et les clichés dans le western, un autre sur la typologie du western à travers l’histoire de ce genre cinématographique, un autre encore sur les hors-la-loi, et enfin, hors dossier mais qui aurait tout aussi bien pu s’y rattacher, une petite étude sur deux films de John Sayles) ou encore la série télévisée avec un hommage et une incitation à voir ou revoir la série Deadwood librement adaptée du roman de Pete Dexter. On ajoutera à cela une intéressante interview de Sébastien Rutés à propos de La loi de l’Ouest et de ses influences, ou comment transposer le genre dans un univers bien différent et pourtant moralement si proche, sur laquelle vient quasiment rebondir un ultime article consacré à la transposition de la figure du cowboy solitaire dans celle du détective dans le roman noir. Autant dire qu’il y a là matière à épancher un peu sa curiosité et à allonger la liste des livres que l’on a à lire et des films à voir. Juste pour pinailler on regrettera un peu la presqu’absence du Méridien de sang de Cormac McCarthy et d’une partie de la production de James Carlos Blake. Ou encore celle totale d’Elmore Leonard, qui a commencé par écrire des westerns et qui, finalement, n’a jamais arrêté de transposer les figures du genre dans ses romans noirs. Mais on se doute bien que L’Indic ne visait pas l’exhaustivité et il faut bien admettre qu’il ouvre de nombreuses pistes plus qu’intéressantes.
Autour de ce dossier, et pas moins intéressantes, on retrouve d’autres rubriques consacrées à la musique (ici, un article de Patrick Foulhoux sur la musique de la Blaxploitation et d’auyres d’Emeric Cloche plus directement en rapport avec la littérature), au cinéma (à propos notamment d’All Cops Are Bastards dont on n’avait pas entendu parler et que l’on regarderait bien pour se faire une idée) et bien sûr les habituelles critiques de livres. On ajoutera enfin une interview de Michel Embareck qui parle de la difficulté qu’il y a pour le non-autochtone à écrire sur un pays ou un peuple qu’il ne connait pas intimement en évitant les clichés et les préjugés.
Bref, une fois de plus L’Indic se montre éclectique, élargi nos horizons et pose plus de questions qu’il n’apporte de réponses, nous laissant cogiter et tirer ensuite notre propre fil. Une démarche agréable et loin du prémâché auquel on est généralement habitué.
Rappelons que l’on peut s’abonner à la revue pour la modique somme de quinze euros (et qu’on a de fortes chances de recevoir un bouquin en cadeau). Pour cela, on va cliquer ICI.