Tout l’or des braves, de Clifford Jackman
Découvert avec La Famille Winter, équipée sanglante d’une bande criminels dans le sud des États-Unis quelques années après la guerre civile, le canadien Clifford Jackman revient avec cette fois un roman de piraterie qui nous mènera de Nassau à l’Indonésie en passant par la Caroline du Nord, la côte ouest de l’Afrique et l’océan Indien.
C’est un équipage composé par Jimmy Kavanagh, ancien compagnon de Barbe Noire qui, en 1721 quitte les Caraïbes à bord du Saoirse. Devenu officiellement depuis plusieurs années un commerçant rangé, Kavanagh entend bien revenir à sa carrière originelle. Avec un équipage de crapules, pirates, marins anglais ayant changé de carrière, anciens esclaves et Coffin, un étonnant quaker presque mutique précédemment engagé sur un baleinier, auxquels il a promis richesse et aventure, il embarque pour un long voyage qui sera pour le moins mouvementé.
Le découpage en sept parties dont les cinq au centre du roman se nomment « Aristocratie », « Timocratie », « Démocratie », « Oligarchie » et « Tyrannie », éclaire le projet de Jackman. Il s’agit de faire de cette micro société embarquée un reflet de la manière dont se gouvernent les sociétés humaines, avec plus ou moins de bonheur… et généralement moins, d’ailleurs. Sept parties et presqu’autant de dirigeants, certains passant sans encombre d’un régime à l’autre, et une masse de pirates sensibles aux promesses, qu’il s’agisse d’un pillage ou de l’ouverture de tonneaux de rhum, mais aussi versatiles.
Si cela confère par ailleurs à Tout l’or des braves un côté répétitif – un nouveau chef prend le pouvoir, sa garde rapprochée tente de maintenir la discipline, la révolte se met à gronder où un complot est fomenté – Clifford Jackmann compense cela par des scènes d’action extrêmement bien menées, des batailles épiques, des mutineries ou des tempêtes dans lesquelles le lecteur se trouve immergé. On pourra regretter que, comme dans La Famille Winter, trop de personnages demeurent des archétypes ou que, parfois, la surenchère dans la violence ou la débauche frôle l’invraisemblable. Mais c’est un fait que Jackman, une fois qu’il a réussit à embarquer son lecteur à bord du Saoirse, réussit à le captiver et à redonner du souffle à son récit lorsqu’il commence à s’enfoncer dans la routine.
Bien fait, peut-être même un peu trop au risque de rendre apparents les ressorts de la machinerie de son écriture, Tout l’or des braves se révèle donc être, avec ses qualités et ses défauts, un roman d’aventures particulièrement divertissant avec ce qu’il faut d’action, d’exotisme et de jeux de pouvoir.
Clifford Jackman, Tout l’or des braves (The Braver thing, 2020), Paulsen, 2021. Traduit par Marc Sigala. 477 p.
Du même auteur sur ce blog : La Famille Winter ;