Le second disciple, de Kenan Görgün
Enfant de la cité des Cinq blocs, à Bruxelles, Xavier Brulein est devenu militaire. Au retour d’une mission au Moyen-Orient, il manque de tuer un homme lors d’une bagarre dans un bar. En prison, il rencontre Abu Brahim qui purge de son côté une peine à la suite d’un attentat. Persuadé d’avoir été sacrifié par sa cellule djihadiste, Abu Brahim entend bien commettre un nouvel attentat, bien plus impressionnant que tous ceux qui ont eu lieu jusqu’alors. Et Xavier, devenu Abu Kacem lors de sa détention, devra en être l’organisateur. Mais Abu Brahim aura-t-il les moyens de mener son combat ? Abu Kacem pourra-t-il se défaire de ce qui subsiste en lui de l’homme qu’il a été auparavant pour servir les projets de son mentor ? Et quel rôle joueront les nervis d’extrême-droite qui gravitent autour du quartier de Molenbeek ?
Avec Le second disciple, Kenan Görgün s’attache à un exercice difficile : comprendre les rouages de l’embrigadement dans le terrorisme au nom d’un hypothétique dieu ou de la défense d’une tout aussi hypothétique idée de civilisation, saisir la complexité, les contradictions, les hésitations qui animent ceux qui mènent ces actions. Tout cela sans sombrer dans un quelconque didactisme, ce qui relève sans doute de la gageure. Pour autant, l’auteur y arrive plutôt bien et, surtout, ne perd jamais de vue qu’il écrit un roman noir avec ce que cela suppose par ailleurs de tension voire de suspense à maintenir, d’action à mettre en place.
Ainsi après un début qui peut apparaître un quelque peu déstabilisant, peut-être surécrit parfois, au risque de faire passer le style au premier plan et de laisser le propos en arrière, Kenan Görgün trouve son rythme et l’accélère insensiblement jusqu’au climax. Les différentes intrigues s’imbriquent parfaitement, les personnages sont véritablement incarnés et, surtout, comme on l’a déjà dit, ne sacrifient en rien à une pensée simpliste. Le second disciple apparaît donc comme un roman subtil et, premier volet d’une série de livres, donne envie, même s’il boucle une grande part de ses intrigues, de voir assez vite la suite.
Kenan Görgün, Le second disciple, Equinox, Les Arènes, 2019. 400 p.