Retour de Frontignan 2019

Publié le par Yan

On a laissé retomber un peu la chaleur avant de parler de cette 22ème édition du Festival international du roman noir de Frontignan qui se déroulait le week-end dernier. Elle ne commençait pas sous les meilleurs auspices puisque le vendredi après-midi, un arrêté interdisait toute manifestation en extérieur dans l'Hérault suite à l'alerte rouge canicule. Il faut bien dire qu'avec pas loin de 45° C au thermomètre, peu de personnes avaient envie de se balader dans le four à chaleur tournante qu'était devenu l'extérieur. Si les auteurs rejoignaient donc les chambres climatisées plutôt que les tables de signature, certaines conférences avaient toutefois lieu et notamment la très attendue rencontre avec l'invité d'honneur du festival, l'américain Kent Anderson.
Ce tête à tête d'une heure entre Kent Anderson et Christine Ferniot tenait toutes ses promesses. Émouvant, volubile et tout simplement fascinant, Anderson s'est livré sans réserves sur son travail d'écrivain et, bien entendu, sur sa vie tourmentée qui alimente son œuvre à travers son double littéraire, Hanson. Ainsi raconte-t-il comment, pour dépasser la peur, il a acquis l'assurance qu'il allait mourir au Vietnam. "Ce n'est pas du courage, dit-il, mais seulement l'absence de peur. En n'ayant plus peur, je pouvais faire ce que je voulais. Le problème, c'est que j'en suis revenu".
Consacrée aux addictions, cette édition du FIRN a proposé une fois de plus des débats de grande qualité, que ce soit pour parler adrénaline avec Kent Anderson, Sandor Jaszberenyi, Frédéric Paulin et Tim Willocks, argent avec RJ Ellory, Etienne Lécroart, Monique Pinçon-Charlot, Michel Pinçon et Valerio Varesi ou encore pouvoir avec Thomas Cantaloube, Jake Hinkson, Hervé Le Corre et Patrick Mosconi. Un programme riche qui a permis au public de mieux découvrir les auteurs invités et qui, comme d'habitude, mêlait par ailleurs roman noir et bande dessinée avec cette année une mise en lumière des étonnantes éditions Misma qui ont profité de l'occasion pour proposer l'animation d'un karaoké par des hommes-ananas lors de la traditionnelle soirée sur la plage des mouettes. L'occasion de voir des attachées de presse hypnotisées par une sublime interprétation de Est-ce que tu viens pour les vacances.
À la plage comme sous les platanes du square de la liberté, on cherche la fraîcheur et c'est au bar que l'on retrouve auteurs, éditeurs et journalistes. On parle départs en vacances avec Pierre Fourniaud, de la Manufacture de Livres, qui pense publier un livre intitulé C'est quand qu'on arrive ?, Christophe Laurent, de Corse Matin, enchaîne les interviews avec Kent Anderson, Valerio Varesi, Franck Bouysse et Boris Quercia, Frédéric Paulin, qui achève la première version du dernier volume de sa trilogie, évoque le travail de relecture et d'édition à venir, le très sérieux Jean-Christophe Tixier entrecoupe ses séances de signatures par une micro sieste sur sa pile de livres, on découvre avec plaisir les lithographies exposées par L'arbre à bouteille... Tout cela a des airs de vacances. C'est bien cette alliance entre l'exigence d'un programme culturel ambitieux et la détente et la convivialité qui font du FIRN un des festivals les plus enrichissants et plaisants depuis plus de deux décennies grâce notamment à un investissement énorme des organisateurs, de la mairie de Frontignan (spéciale dédicace aux chauffeurs des navettes) et des bénévoles. Et l'on espère bien que cela continuera longtemps.

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