Au-delà de Sherlock Holmes
Avec Au-delà de Sherlock Holmes, Rivages poursuit son édition de nouvelles holmésiennes sous formes de pastiches. Après les parodies des Avatars de Sherlock Holmes et les incursions de grands auteurs noirs de Sherlock Holmes en toutes lettres, place maintenant au fantastique et à la science-fiction avec, toujours, cette nécessaire pointe d’ironie que l’on retrouve dans les quatre nouvelles réunies ici.
L’aventure du loup fantôme, qui ouvre le recueil sous la plume d’Anthony Boucher est aussi certainement la plus amusante. Face à un enfant, Holmes ne peut réprimer son insatiable besoin de résoudre des énigmes et se lance donc dans la recherche des véritables événements qui ont donné lieu à la création du conte du Petit chaperon rouge, au risque de traumatiser le garnement.
Plus anecdotique en ce qu’elle est très courte et tient plus de l’histoire drôle que de la nouvelle, L’affaire des patriarches disparus, de Logan Clendening, met en scène un Holmes mort et chargé par Jehova a son arrivée au Paradis de remettre la main sur Adam et Ève.
Poul Anderson, quant à lui projette le détective, ou plutôt son avatar Syaloch, à quelques années-lumière, puisqu’il réside sur Mars et se trouve chargé de retrouver les joyaux de la couronne martienne disparus lors de leur retour de la Terre à qui ils avaient été prêtés le temps d’une exposition temporaire. Si l’énigme en elle-même, chambre close spatiale, est relativement classique, son intérêt réside évidemment dans la manière dont Anderson joue avec les figures obligées en les projetant en d’autres temps et d’autres lieux sous des formes totalement baroques.
Enfin, dans Le diable et Sherlock Holmes, Loren D. Estleman, met Holmes et Watson aux prises avec un jeune homme interné qui a convaincu le personnel de l’hôpital qu’il était le diable venu moissonner quelques âmes. Tout le travail de Sherlock Holmes va donc consister à prouver que ce n’est pas le cas. Pas facile face à un homme qui peut se montrer très persuasif. Cette nouvelle clôt en beauté le recueil. Estleman, tout en jouant sur l’humour arrive à maintenir mystère et ambigüité.
Bref, comme dans les volumes précédents et sans forcément être un grand connaisseur de Conan Doyle, on trouve là de quoi passer un moment d’autant plus plaisant que si les auteurs du ces nouvelles traitent Holmes avec sérieux, ils le font sous une forme légère. C’est peut-être aussi, au fond, une bonne manière de (re)découvrir le détective.
Au-delà de Sherlock Holmes (The Big Book Of Sherlock Holmes Stories, 2015), Rivages/Noir, 2018. Traduit par Frédéric Brument et Jean-Paul Gratias. 127 p.