Je suis le dernier juif debout, de Michael Simon

Publié le par Yan

« Le style de Simon est aussi fascinant que ses personnages. » dit James Ellroy, cité en quatrième de couverture.

Petit farceur.

Style passe-partout et personnages et situations stéréotypés sont en effet à la base de Je suis le dernier juif debout et c’est certainement d’ailleurs ce qui fait que l’on prend un réel plaisir à lire ce roman. Michael Simon y met en scène Dan Reles, lieutenant de police à Austin, dont le père vient frapper à la porte après vingt ans d’absence. Dan Reles a grandi à Elmira, dans l’état de New York, au milieu de la pègre juive pour laquelle son père, boxeur à la carrière détruite par des combats truqués, jouait les utilités, jusqu’à ce qu’il doive quitter la ville et s’installer à Austin pour poursuivre des activités criminelles un peu minables. Lui-même sorti de la délinquance après ce déménagement, Dan Reles a fait carrière dans la police sans pour autant réussir à fonder une famille. Sa femme, qu’il vient de retrouver après une longue séparation, est alcoolique, son fils qui ne l’a pas connu jusqu’à présent le craint. Et c’est donc là que Ben Reles surgit du passé avec une prostitué russe et surtout, à leurs trousses, Sam Zelig, caïd psychopathe d’Elmira, bien décidé à remettre la main sur Irina, quitte à faire d’Austin une zone de guerre.

Tout y est donc : le flic ancien voyou en délicatesse avec ses collègues et sa hiérarchie, la famille éclatée, le passé qui ressurgit et un méchant échappé des enfers. Tout cela va à cent à l’heure, quitte à emprunter des chemins un peu incohérents et à mettre en scène des situations un peu trop grosses pour être crédibles.

Et pourtant, l’ensemble fonctionne plutôt bien. Michael Simon réussit à rendre ses personnages attachants, dose habilement humour, bons sentiments et action et propose en fin de compte un roman prenant et plaisant. Il y a dans Je suis le dernier juif debout un petit quelque chose qui évoque la bonne série B qui ne s’encombre pas trop de cohérence, qui appuie bien fort sur les clichés, non pas pour les détourner mais bien pour les exploiter jusqu’à la corde avec une certaine délectation.

De quoi s’amuser, donc, même s’il y a peu de chances qu’en y repensant dans quelques mois le roman de Simon nous évoque des personnages fascinants ou le souvenir d’un styliste hors-pair.

Michael Simon, Je suis le dernier juif debout (The Last Jew Standing, 2007), Rivages, 2010. Rééd. Rivages/Noir, 2017. Traduit par Stéphane Michaka. 446 p.

 

Publié dans Noir américain

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