Et de six
Voilà. Six ans qu’Encore du Noir existe. Si, du point de vue des ères géologiques, cela fait peu, j’ai l’impression que, sur internet, ça commence à compter pour pas mal de temps. Je suis sans doute le moins bien placé pour ce qui est de juger de la qualité de mes chroniques du noir, bien que j’essaie de les écrire au mieux et de ne pas dire trop de banalités (mais ça ne fonctionne pas toujours), mais je m’accorde au moins le bénéfice d’une certaine régularité dans leur publication.
Je vais essayer de ne pas répéter, cinq mois après, le bilan fait en janvier de mes lectures de 2016, mais je me permets tout de même, de rappeler que dans la masse des sorties quelques très beaux romans se sont signalés depuis le mois de mai 2016. Chez les « petits éditeurs », on ne peut que rendre hommage au travail des équipes d’Agullo (parce que Bagdad, la grande évasion ! ou Le blues de la Harpie, il fallait quand même non seulement les dénicher, mais aussi prendre le risque de les éditer), d’Asphalte, qui continuent leur audacieux travail avec par exemple le violent Pssica ou le noir et pluvieux Comme un blues, de Tusitala, aux parutions rares mais jamais décevantes, comme l’a prouvé la parution d’Effets indésirables, et de La Manufacture de Livres qui poursuit un beau travail de mise en avant d’auteurs français, comme avec la belle novella de Dominique Forma, Albuquerque.
Les « gros » n’ont pas été en reste. C’est heureux, me direz-vous, que dans leurs innombrables sorties, ils réussissent tout de même à trouver quelques bons livres. Vous n’aurez pas tort. Signalons chez Rivages l’étonnant et sublimement écrit Bondrée, d’André A. Michaud, chez Gallmeister le très attendue et toujours formidable Lance Weller avec Les marches de l’Amérique ou encore, chez Albin Michel, l’imposant et ambitieux Brève histoire de sept meurtres, de Marlon James. Signalons par ailleurs la refonte de Seuil Policier dans la collection Cadre Noir, qui s’avère d’ores et déjà prometteuse en mettant en avant des auteurs français comme Antoine Brea et son Récit d’un avocat (et en parlant de jeune auteur prometteur, n’oublions pas Écorces, de Xavier Gloubokii, chez Liana Levi), ou le plus expérimenté Franz Bartelt auquel sera consacrée la prochaine chronique.
Tout cela c’est bien beau, mais il ne me semble par ailleurs pas inutile de lire ou relire des romans plus anciens, de faire des découvertes tardives quand l’actualité est passée depuis longtemps. Cela permet aussi de se détacher de la course à la nouveauté et certainement aussi de mieux choisir ses lectures. Ainsi ai-je commencé à relire la série des romans de Bill James mettant en scène Harpur et Iles, ou eu l’occasion de découvrir des romans aussi originaux que Les enfants de Dracula, L’effet Tequila, La fille de nulle part ou Zigzag (vous me direz que je triche, que c’est une nouveauté, mais bon, c’est un auteur mort et des personnages qui existent depuis bien longtemps).
C’est peut-être l’âge, mais j’ai de moins en moins envie de perdre mon temps à lire de mauvais livres. C’est pourquoi vous aurez peut-être noté que depuis quelques mois mes chroniques sont un peu plus – peut-être trop – enthousiastes. C’est que j’ai décidé de me montrer plus drastique dans mes choix et que, pour tout dire, je réfléchis bien plus avant de me décider à ouvrir un livre. Sans doute cela me fait-il passer à côté de bons romans, mais il sera toujours temps d’y revenir un jour, mais je suis certain que j’évite aussi un certain nombre de bouquins médiocres.
J’ai donc finalement refait un best of (partiel, tout de même) des derniers douze mois. Et, pour finir, je vous rappelle qu’il est toujours possible d’échanger dans la vraie vie. Entre début juin et début juillet, j’animerai quelques rencontres à Carcassonne, Mérignac et Bordeaux (avec les complices Olivier Pène et Hervé Le Corre) et passerai faire un tour au festival de Frontignan tandis qu’en septembre commencera le grand marathon des festivals de rentrée. Et puisqu’on parle d’échanges, j’en profite pour signaler que les commentaires déposés sur le blog sont modérés par moi-même. Pas la peine, donc de perdre votre temps à venir m’y dire que je suis un débile qui n’a rien compris à un livre, que tel auteur est un sombre connard ou que tel autre n’écrit que des merdes sans aller plus loin dans l’argumentation. Si j’essaie de gagner du temps en choisissant mes lectures, ce n’est pas pour en perdre à débattre avec vous. Si vous cherchez de la démocratie participative, essayer Twitter ou la Corée du Nord.
Et voilà, c’est reparti pour un an !