Il était une fois l’inspecteur Chen, de Qiu Xiaolong

Publié le par Yan

Le dixième livre de Qiu Xiaolong mettant en scène l’inspecteur Chen Cao est un jalon original dans l’œuvre de l’auteur chinois réfugié aux États-Unis.

Composé de nouvelles entremêlées qui donnent l’impression d’un seul long texte coupé par quelques césures temporelles et encadrées par deux textes autobiographiques, Il était une fois l’inspecteur Chen est moins une façon pour Qiu Xiaolong de conter l’inspecteur Chen que de se raconter lui-même.

Car, de fait, du texte qui ouvre le recueil après le préambule de Qiu Xialong en passant par ceux qui mettent en avant la figure du chinois d’Outre-mer ou l’amour de Chen pour la cuisine, l’auteur parle beaucoup de lui. Ce regard jeté en arrière par Qiu Xiaolong, sur ce qu’il est devenu, sur ce qu’il aurait pu devenir, confère à Il était une fois l’inspecteur Chen une dimension réellement émouvante au recueil.

On pense bien entendu à ce préambule dans lequel Qiu Xiaolong raconte comment, adolescent, il a dû rédiger une autocritique pour son père hospitalisé, et auquel le premier texte sur la jeunesse de Chen Cao vient faire écho. On pense aussi à la conclusion du recueil qui revient autant sur la manière dont Qiu Xialong a vécu la Révolution culturelle que sur la façon dont il utilise sa vie et celles de ceux qui ont comptés pour lui, en les déformant dans son œuvre, dans une démarche de reconstruction romanesque qui sert autant à donner de la chair aux romans qu’à offrir à certains un destin meilleur que celui qu’ils ont pu connaître.

De tout cela, il ressort un portrait populaire de Shanghai, une peinture acerbe de la Chine de Deng Xiaoping et quelques éclairages sur le parcours de Chen Cao, et, en définitive, peu d’enquêtes, ce qui n’empêche pas la lecture de ce Il était une fois l’inspecteur Chen d’être on ne peut plus agréable. Avec une mention spéciale pour le cruel et retors texte intitulé « La puissante flotte ennemie ».  

Qiu Xiaolong, Il était une fois l’inspecteur Chen, Liana Levi, 2016. Traduit par Adélaïde Pralon. 238 p.

 

Publié dans Noir asiatique

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