La première enquête de Montalbano, d’Andrea Camilleri

Publié le par Yan

Publié en Italie en 2004, La première enquête de Montalbano n’est pas le premier volet des enquêtes du commissaire sicilien mais un recueil de trois longues nouvelles dont une conte l’arrivée du héros de Camilleri dans son commissariat de Vigàta. C’est certainement pour ceux qui, comme moi, ne sont pas des familiers de Montalbano, une bonne porte d’entrée dans l’univers de Camilleri.

Trois nouvelles donc, et trois enquêtes hors des sentiers battus, la première du recueil, « Sept lundis » l’étant tout de même un peu plus que les autres. Il s’agit en effet d’une série de meurtres d’animaux suivant une progression assez particulière, le tueur s’en prenant à des animaux de plus en plus gros – poisson, puis poulet, chien, chèvre, âne… – en laissant à chaque fois un billet énigmatique annonçant « JE CONTINUE À ME CONTRACTER ». Entre considérations gastronomiques et esprit de déduction, cette nouvelle est une entrée en matière étonnante, amusante, qui permet de se familiariser à la fois avec l’humour décalé et la langue particulière de Camilleri que son traducteur, Serge Quadruppani, comme expliqué en introduction du recueil, a cherché à rendre au mieux en opérant des choix qui, pour être peut-être discutables parfois offrent la possibilité au lecteur français de se rendre compte du côté baroque de l’écriture de l’écrivain sicilien et arrivent à lui conférer un charme étrange.

« La première enquête de Montalbano », deuxième nouvelle du recueil, vaut moins pour l’enquête elle-même dans laquelle le jeune commissaire aura toutefois à faire montre une fois de plus de son esprit aigu que par ce qu’elle dit du héros, de son rapport aux femmes, de la manière dont il se moque des convenances et de son amour immodéré pour la bonne cuisine.

Quant à « Retour au origines », qui clôt le recueil, dans laquelle Montalbano enquête sur l’enlèvement et la rapide libération d’une enfant et se heurte à une véritable omertà, elle permet à Camilleri de peindre le portrait d’une société sous la coupe discrète mais toutefois prégnante de la Mafia et où les collusions entre le crime organisé et les notabilités locales créent une toile d’araignée que, sauf à user de méthodes peu conventionnelles, le petit commissaire d’une petite ville de province a peu de chance d’effilocher.

Dans une Sicile écrasée par le soleil qui donne un rythme parfois languissant aux enquêtes mais que viennent contrebalancer la vivacité de la langue et l’acuité du héros, les aventures de Montalbano se révèlent bien souvent fascinantes et, d’une manière générale, se lisent avec gourmandise.

Andrea Camilleri, La première enquête de Montalbano (La primera indagine di Montalbano, 2004), Fleuve Noir, 2006. Rééd. Pocket 2007. Traduit par Serge Quadruppani. 349 p.

 

 

 

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C
effectivement, tous ces romans de Camilleri sont à consommer sans modération.<br /> La série télévisée est plutôt insipide et donne une mauvaise idée du bonheur gourmand que la lecture procure. Confer la série tirée de Dona Leon dans laquelle on ne voit Venise que vide..
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