Easy Money, de David Simon
En 1985, Melvin Williams, qui domine depuis les années 1970 le trafic d’héroïne à Baltimore est condamné à trente-quatre ans de prison. Arrêté l’année précédente, Williams a fini par tomber après une longue enquête de police menée entre autres par Ed Burns qui a mis au jour le système complexe qui présidait à ce trafic grâce à une observation attentive du réseau de Williams et à des mises sur écoute. Jeune journaliste pour la Baltimore Sun, David Simon écrit entre 1984 et 1987 toute une série d’articles sur Williams, qu’il interroge des dizaines de fois.
C’est donc face à la genèse de la série The Wire que l’on se retrouve dans Easy Money. Noms et surnoms familiers des adeptes de la série, de Barksdale à Proposition Joe en passant par Bodie, émergent de l’enquête de Simon. On reconnait derrière Lamont Farmer, le Stringer Bell de The Wire, on reconnaît les bippers, la façon dont la police perce le code, les montages financiers et la corruption qui l’accompagne.
Document brut qui a donné chair à la série de Burns et Simon et auquel, ici, dans un cercle parfait la série donne chair à son tour, Easy Money flotte d’autant plus dans cette zone grise entre fiction et réalité que Melvin Williams a fini par jouer dans The Wire le rôle du diacre, lien entre la communauté noire et la police.
Anecdotique, certes, et relativement court (et un peu cher, du coup), Easy Money devrait toutefois compléter avec profit la documentation des fans de la série de David Simon et Ed Burns.
David Simon, Easy Money, Inculte, 2016. Traduit par Jérôme Schmidt. 123 p.
Du même auteur sur ce blog : The Corner ; Baltimore ; The Wire