Auprès de l’assassin, de Louis Sanders

Publié le par Yan

Mark et Jenny – mais surtout Mark – ont décidé de quitter l’Angleterre avec leur fils, Jimmy, pour se lancer, comme nombre de leurs compatriotes, dans l’aventure de la création de chambres d’hôtes en Dordogne. Mais la réalité a tôt fait de les rattraper : la maison a besoin de travaux plus importants que prévus, les voisins sont distants, la barrière de la langue ne facilite pas les choses, il y a ces satanées mouches qui prolifèrent…

« Il se disait qu’il s’était trompé. Sur ce qu’il faisait ici, sur ses voisins. Sur toute cette vie bucolique qui sentait la merde par moments. Souvent même. »

Le seul qui semble s’intéresser au couple, c’est Jean-Louis, maquignon porté sur la bouteille et à la grande gueule bien décidé à initier Mark à la chasse. Jenny ne rêve que de rentrer, Jimmy entre deux parties de jeu vidéo n’attend lui aussi que ça, mais Mark s’accroche encore à son rêve tandis que la petite famille s’isole et, insensiblement, se délite tandis que l’arrivée d’un chien dans le foyer ne fait que tendre encore les relations avec les fermiers d’à côté.

Avec Auprès de l’assassin, Louis Sanders se fait l’écrivain du grand malentendu issu de la baisse du prix de l’immobilier dans certaines campagnes françaises dépeuplées et de l’augmentation du pouvoir d’achat britannique porté par une Livre Sterling forte. Derrière la carte postale la réalité se révèle bien moins engageante que les succès de façade que d’aucuns ont pu monter en épingle pour mieux attirer quelques pigeons. Le choc des cultures – britannique et périgourdine mais surtout urbaine et rurale – est ici violent.

Face au rêve qui se brise, aux espoirs qui glissent comme du sable entre les doigts, chacun réagit à sa manière. Jimmy se renferme, Jenny s’enfonce dans la dépression et Mark ajoute la paranoïa à la haine qui monte vis-à-vis de cette communauté qui ne semble pas les accepter lui et sa famille. Incapable de s’adapter à ces nouveaux codes, Mark se montre gauche, commet des impairs que les voisins se plaisent à pointer. Le drame qui ouvre le roman et dont la première partie de l’histoire nous fait remonter le fil depuis le début marquera le basculement définitif. De l’implacable étude de mœurs on passe au suspense psychologique tendu. Il va y avoir des morts, c’est certain, mais lesquels ?

Rude, cruel et oppressant.

Louis Sanders, Auprès de l’assassin, Rivages/Noir, 2016. 174 p.

Du même auteur sur ce blog : La lecture du feu ;

Publié dans Noir français

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