Cinq ans
Cinq ans. Un lustre. Ça commence à faire un peu de temps, donc, que ce blog tourne et peut-être est-ce le moment de faire un petit bilan d'étape. Je craignais - pour diverses raisons professionnelles - que cette année marque une assez grosse pause dans les chroniques. En fin de compte, avec 115 livres chroniqués dans l'année, le rythme a été plutôt raisonnable même s'il n'atteint pas les 275 recensions de la première année d'existence du blog, mais je veux croire que, depuis, si elles sont moins nombreuses, les recensions sont devenues un peu meilleures.
En tout cas, avec 300 abonnés et 10 000 visiteurs uniques chaque mois, Encore du noir a, me semble-t-il, trouvé un certain rythme de croisière. Si l’on ajoute à cela les rencontres polars à Carcassonne, Bordeaux (avec Hervé, Olivier et maintenant Sébastien), Gujan-Mestras avec Hervé, les festivals où l’on travaille – un peu – de Du rouge au Noir à Lunel à Toulouse Polars du Sud, en passant par Polars en Cabanes à Bordeaux et où l’on s’amuse – beaucoup – (et l’on ajoutera à la liste Un Aller-retour dans le Noir, à Pau, le Festival de Frontignan et, bien entendu, les Quais du Polar à Lyon), cette dernière année a encore été l’occasion de faire des rencontres, d’échanger, de débattre parfois de manière un peu houleuse des qualités de tel ou tel roman et de découvrir de nouveaux auteurs ou de nouvelles maisons d’édition.
Du côté des découvertes, parfois tardives, il y a eu, bien entendu le roman sublime d’épure et de noirceur de Séverine Chevalier, Clouer l’ouest, qui a inauguré la belle collection Territòri des éditions Écorce et La Manufacture de Livres, le saisissant Jon Bassof avec Corrosion, chez Gallmeister, le très beau et mélancolique Le voleur de voitures, de Theodore Weesner, exhumé par les éditions Tusitala, le déstabilisant La nuit derrière moi, de Giampaolo Simi, chez Sonatine, les aventures calabraises du Petit juge de Mimmo Gangemi au Seuil, et une étonnante, hilarante et néanmoins glaçante pépite du catalogue Rivages/Noir qui m’avait longtemps échappé : Captain Blood, de Michael Blodgett.
D’autres ont confirmé leur talent. C’est le cas de Sébastien Rutés et Juan Hernández Luna qui, avec Monarques, chez Albin Michel, nous ont certainement offert le meilleur moment de lecture de l’année grâce à une œuvre à la fois trépidante, intelligente, instructive et poétique. On a aussi retrouvé avec plaisir Ned Crabb dans Meurtres à Willow Pond, aux éditions Gallmeister qui ont par ailleurs eu la riche idée de rééditer dans un bel écrin Fausse piste, de James Crumley, Carlos Zanón avec J’ai été Johnny Thunders, et Malcolm Knox et son Wonderlover, tous les deux chez Asphalte, et Malcolm Mackay, avec L’enfer est au bout de la nuit, chez Liana Levi. Pas attendue – par moi, à tout le moins – Sandrine Collette, avec Il reste la poussière, paru chez Denoël, a livré un des très beaux romans de cette année.
Mais, bien entendu, la grande nouvelle fut le retour de Tim Dorsey avec une des meilleures aventures de Serge A. Storms : Torpedo Juice, chez Rivages.
D’autres encore ont confirmé qu’ils avaient du talent pour nous faire rire, fût-ce de manière involontaire. L’épatant retour d’Alexandre Schoedler avec une fausse préface de James Ellroy pour Dark Secrets, chez Sudarènes, roman d’une telle audace esthétique qu’il a nécessité pas moins de deux chroniques, est là pour le prouver.
Enfin donc, on a vu émerger deux nouvelles et audacieuses maisons d’édition qui allient la beauté des livres à la qualité des textes : Marchialy, avec Tokyo Vice, de Jake Adelstein, et Agullo Éditions, tout juste nées et qui nous font découvrir, entre autres, la politique roumaine entre noirceur, cynisme et humour avec Spada, de Bogdan Teodorescu.
Voilà de quoi, si vous en avez manqué quelques-uns, vous lancer dans une bonne séance de rattrapage, en espérant continuer à vous croiser dans les cinq prochaines années du blog.