L’homme posthume, de Jake Hinkson

Publié le par Yan

Jake Hinkson fait partie avec Benjamin Whitmer et S. Craig Zahler des auteurs qui ont ouvert la collection NeoNoir l’an dernier. Son Enfer de Church Street avait alors séduit et l’on attendait avec curiosité son deuxième roman.

Ce nouveau livre d’Hinkson résonne avec le premier. On est de nouveau à Little Rock, Arkansas, et là encore le personnage principal – que l’on peinerait à qualifier de héros – est un pasteur repenti qui va tremper dans une sale affaire. Elliot a tenté de se suicider et a presque réussi. Il est mort pendant trois minutes. Après cette expérience et un retour à la vie qu’il ne désire pas vraiment, il a tôt fait de se lier avec Felicia, l’infirmière. Sauf que Felicia est en affaires avec un trio aussi bête que dangereux constitué d’une paire de jumeaux – un muet inquiétant et un flic pourri – et de l’effrayant Stan the Man.  Coincé mais sans plus rien à perdre, Elliot se trouve donc embringué dans le plan foireux de cette drôle d’équipe.

Il y a dans le personnage d’Elliot, suicidé raté mais déjà mort quelque chose d’incontestablement intéressant. Et la façon dont, comme un cadavre flottant, il se laisse porter par le courant jusqu’au moment où il va décider de prendre une autre direction et, d’une certaine manière, revenir à la vie est l’argument principal qui plaide en faveur du roman de Jake Hinkson.

Toutefois, les personnages qui évoluent autour de lui – à l’exception peut-être de l’étonnante fille du responsable de la décharge dont Elliot va avoir l’occasion de croiser le chemin – ont bien moins de relief et de complexité. Felicia, les jumeaux, Stan the Man, sont des archétypes de seconds rôles et de méchants tandis que l’histoire de braquage peine à tenir le livre, ce qui explique certainement sa relative brièveté (165 pages).

Bien fichu, proposant quelques scènes marquantes – on pense en particulier au passage dans la décharge ou au découpage de corps – L’homme posthume peine cependant à s’extraire du commun des romans noirs. Il n’y a certes pas de gros défauts, l’écriture est agréable et on lit cette histoire sans déplaisir, mais tout cela reste banal. Manque l’étincelle qui pourrait en faire un roman véritablement original. Une petite déception.

Jake Hinkson, L’homme posthume (The Posthumous Man, 2012), Gallmeister, coll. NéoNoir, 2016. Traduit par Sophie Aslanides. 165 p.

Du même auteur sur ce blog : L’enfer de Church Street ; Sans lendemain ;

Publié dans Noir américain

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L
Je vais le lire ce WE, j'espère qu'il me plaira :)
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Y
Peut-être bien.
P
Dommage pour cette déception. Je le lirais quand même pour me faire une idée.
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Y
Je n'ai pas le monopole du bon goût non plus. Il peut certainement plaire à d'autres personnes que moi.