Et de quatre
Et voilà, quatre ans révolus pour le blog Encore du noir. Et l'impression d'avoir passé un cap cette année avec un nombre d'abonnés qui a bondi d'une petite centaine à 230, 180 000 pages vues par 90 000 visiteurs depuis mai dernier et de nombreux échanges ici, par mail, sur les réseaux sociaux et dans la "vraie vie". Car l'intérêt de ce genre de publication c'est aussi et surtout de pouvoir discuter, se disputer un peu, et rencontrer des gens passionnés.
Toujours côté chiffres, on note zéro message d'insultes, et aucune menace de plainte, ce qui est une première, sans doute à rapprocher du fait que le Défi de l'imaginaire est terminé depuis un moment et qu'Alexandre Schoedler n'a pas publié de nouveau roman.
Quatre ans, enfin, c'est aussi l'occasion (comme trois ans ou cinq ans, en fait, mais là, c'est maintenant que j'en ai envie) de faire un point sur les lectures marquantes, celles qui dont on se souvient longtemps - et c'est pourquoi, même si j'ai beaucoup aimé certains livres ces derniers mois, je vais attendre que leur souvenir murisse avant d'en reparler ou pas.
Évidemment, ceux qui suivent régulièrement ce blog savent qu'ils n'y échapperont pas, il y a encore et toujours Tim Dorsey et les aventures de son héros psychopathe, schizophrène et rétenteur anal Serge A. Storms. Un nouveau volume arrive en juin chez Rivages, c'est donc l'occasion pour vous de rattraper votre retard en lisant les six précédents.
Dans un tout autre style, il y a eu la découverte du superbe Shangrila, de Malcolm Knox, chez les excellentes éditions Asphalte et un autre roman mettant en scène un surfeur, le très beau Tijuana Straits, de Kem Nunn, chez Sonatine.
Parmi les publications de qualités des éditions Gallmeister, une véritable pépite sort pour moi du lot. Il s'agit de Wilderness, de Lance Weller, un roman qui confine au sublime. Et, pour parler encore d'éditeurs audacieux, on peut évoquer les éditions Mirobole et leurs découvertes d'auteurs talentueux comme Zygmunt Miloszewski et son Fond de vérité.
Durant ces quatre années, on a aussi vu fleurir tout une série de romans mettant en scène une sorte de lumpenprolétariat américain, une Amérique des marges aussi bien sociales que géographiques. Dans deux styles différents on se souvient des Chiennes de vies, de Frank Bill, à la Série Noire, et de Bienvenue à Oakland, d'Eric Miles Williamson.
Côté français, la qualité est aussi là. On parlera bientôt de Séverine Chevalier et de l'exceptionnel Clouer l'ouest initialement paru chez Écorce, mais en attendant on peut reparler du grand roman d'Hervé Le Corre, Après la guerre, chez Rivages, de l'audacieux L'homme qui a vu l'homme, de Marin Ledun, chez Ombres Noire, ou du très fort premier roman de Nicolas Mathieu, Aux animaux la guerre, chez Actes Sud. Et même si sa lecture est relativement récente, je ne pense pas qu'il soit possible de passer à côté de Grossir le ciel, de Franck Bouysse, à la Manufacture de Livres.
On va arrêter là l'inventaire à la Prévert. Il y a bien entendu des oublis, mais cette liste - outre le fait qu'elle pourra éventuellement combler en partie votre liste de lectures pour l'été - reflète à mon sens assez bien les goûts que j'ai envie de partager sur le blog. J'ai volontairement fait l'impasse - enfin presque - sur les romans marquants à cause de leur nullité crasse qui, d'ailleurs, sont souvent à l'origine des articles les plus lus, ce qui me laisse à penser que, contrairement à ce que d'aucuns peuvent dire, il est aussi important de parler des livres que l'on a pas aimé et que les gens ont le droit de savoir qu'un bouquin est mauvais.
Enfin bref, nous voilà reparti pour un tour.