Retour à Watersbridge, de James Scott
Elspeth Howell, sage-femme, rentre chez elle, au nord de l’État de New York un soir d’hiver de 1897 et découvre sa famille assassinée. Le seul survivant est l’un de ses fils, Caleb, âgé de 12 ans. Commence alors pour la mère et le fils une longue et rude épopée à travers les paysages glaciaux, les bois, les collines abruptes et les champs. Un seul objectif pour eux : rejoindre la ville de Watersbridge vers laquelle les tueurs ont fui, les retrouver et se venger. Mais en regagnant cette cité qu’elle a quittée il y de nombreuses années, Elspeth se trouve obligée d’affronter son passé et ses propres péchés.
Premier roman de James Scott, Retour à Watersbridge, sans être dénué de défauts, en particulier certaines longueurs qui viennent parfois affaiblir la force du récit, se révèle être un livre à bien des égards stimulant. Porté par une écriture élégante il évoque avec force les tourments intérieurs de ses deux personnages principaux, la culpabilité qu’ils portent tous deux, les sentiments ambivalents qui les animent, les secrets enfouis.
Après une première partie âpre, rude, une marche épuisante dans une nature inhospitalière, commence une nouvelle épreuve. Il faut se dissimuler à Watersbridge, ville grouillante peuplée d’ouvriers travaillant essentiellement dans une glacière sur les rives du lac Erié. Elspeth se travestit pour trouver un emploi autant que pour éviter d’être reconnue, tandis que Caleb se fait embaucher dans le saloon – et bordel – local dans l’espoir d’y voir débarquer un jour ceux qui ont massacré sa famille.
Roman regorgeant d’interrogations sur la filiation et de réflexions sur la nécessité ou la vacuité de la vengeance, livre par bien des aspects contemplatif mais traversé de scènes saisissantes comme cette explosion de la glacière ou encore un ultime face à face bien loin des clichés ou des fins attendues, Retour à Watersbridge, pour aussi imparfait qu’il puisse être parfois, révèle un romancier dont on est en droit d’attendre beaucoup des prochaines œuvres.
James Scott, Retour à Watersbridge (The Kept, 2014), Seuil Policiers, 2015. Traduit par Isabelle Maillet. 389 p.